Coronavirus Covid-19 : violences conjugales et femmes en danger, comment les aider en période de confinement ?

Marlène Schiappa et son homologue italienne Elena Bonetti ont annoncé "agir ensemble" pour protéger les femmes contre les violences sexistes et sexuelles en cette période de confinement. Mais en application, comment ça se passe ?

Le 20 mars, le collectif NousToutes recensait le 19ème féminicide depuis le début de l’année 2020. Lorsqu’Emmanuel Macron a annoncé le 16 mars le confinement total pour endiguer la propagation du coronavirus, plusieurs associations de femmes ont manifesté leurs inquiétudes. Le groupe Collages Féminicides à Paris a notamment tweeté :

Suite aux mesures de confinement (…), de nombreuses femmes déjà victimes de violences conjugales se retrouvent pour plusieurs semaines enfermées dans des foyers toxiques, où la violence quotidienne et la fatigue psychologique ne vont que croître au fil des jours.


Le foyer n’est pas pour tout le monde, un lieu de (ré)confort ou un endroit sûr. Alors comment venir en aide à toutes ces femmes ?

A Dijon, l’association Solidarité Femmes 21 continue à tout mettre en oeuvre pour veiller à la sécurité des femmes dans des situations dangereuses. Les membres de l’association sont eux-aussi confinés et donc en télétravail. Mais toute l’organisation a été revue : un suivi est établi par téléphone pour toutes les femmes actuellement hébergées et toutes celles qui bénéficient d’une prise en charge continue. La directrice de Solidarité Femmes 21 l’assure : tous les contacts sont assurés par téléphone et par mail. Le travail sur les dossiers des femmes qui en ont besoin continue, même sans l’accueil physique. 

La Délégation départementale de la Côte-d’Or aux droits des femmes et à l'égalité (DDFE)  promet que pour toutes celles dont la violence a été déclarée avant le confinement, seront suivies et logées. Une continuité de soutien psychologique est aussi nécessaire. Pour toutes celles dont les plaintes étaient déposées et décisions judiciaires étaient en cours, les mesures de protection seront bien appliquées et les téléphones grave danger attribués. 
 

Quand on est confiné, le risque est à l’intérieur


La peur du "chiffre noir". Les associations et la Délégation départementale craignent une forte augmentation des féminicides.

Avant le confinement, il y avait celles qui n’osaient pas demandé de l’aide et celles qui le supportaient parce que ce n’était pas encore « trop ». Mais aujourd'hui, les femmes se retrouvent possiblement enfermées avec leur agresseur.

Le risque est accru pour toutes les femmes victimes de violence. "L’enfer est multiplié par 10. Les temps où l’agresseur est travail n’existent plus." L’inactivité est un facteur aggravant en contexte de violences conjugales. Les femmes ne peuvent plus téléphoner parce qu’elles ne sont plus seules. Les appels d’urgence ont d’ailleurs diminué depuis le début du confinement… Et ce n’est pas une bonne nouvelle.
   

Alors comment appeler à l’aide ?

  • Si vous êtes en danger, il faut appeler le 115, actif jour et nuit, qui trouvera des hébergements d’urgence pour toutes les femmes en situation de danger. S’il n’y a pas plus de places dans les centres d’hébergement, des hôtels sont mis à disposition pour accueillir les femmes qui en font la demande. 
     

    La Direction départementale de la cohésion sociale (DDCS) met tout en oeuvre en lien avec le 115 et les acteurs de l'hébergement d'urgence pour accueillir et prendre en charge la mise en sécurité en urgence des femmes victimes de violences conjugales qui viendraient à se déclarer en ce moment  avec leurs enfants le cas échéant. 
    - Isabelle Galmiche, chargée de mission départementale

  • Il faut appeler la police, au 17. Le gouvernement et les associations rappèlent que l’éviction du conjoint violent est toujours applicable, même en période de confinement. dans le cas où la police constate les violences et les blessures. Les conjoints évincés sont aussi pris en charge dans le cadre d’hébergement d’urgence.
    Rappelons que se déplacer pour porter plainte est évidemment autorisé, malgré le confinement. 
     
  • Il y a aussi le numéro d’écoute 39 19 Violences Femmes Info. C'est le numéro d'écoute national destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. L'appel est anonyme et gratuit 7 jours sur 7, de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h les samedi, dimanche et jours feriés.
    Le dispositif va être étendu pour répondre à plus d’appels. Le numéro s’efface de l’historique après l’appel.
     
  • Les pharmacies peuvent alerter les forces de l'ordre. Qu'elle soit accompagnée ou non à la pharmacie, elle peut utiliser "un code" pour prévenir les pharmacien(ne)s qu'elle est en danger. Par exemple "masque 19". Cette technique est utilisée en Espagne notamment.
     
  • Le 0 800 05 95 95 "Sos Viols Femmes Informations" est déstiné aux femmes victimes de viols ou d'agressions sexuelles, à leur entourage et aux professionnels concernés? Le numéro est anonyme et gratiut depuis un poste fixe, du lundi au vendredi de 10h à 19h.
     
  • Le 119 Allô enfance en danger est un numéro national dédié à la prévention et à la protection des enfants en danger ou en risque de l'être. Il est accessible 24h/24 et 7 jours sur 7.
     
  • Le site internet STOP VIOLENCES où les femmes peuvent trouver des portails de discussion avec des policiers, des psychologues. Là aussi, le site n’apparaît pas dans l’historique de navigation.
     
  • Les forces de l’ordre font des rondes dans les quartiers. En Côte-d’Or, les policiers (municipaux et nationaux) et les gendarmes et la brigade des familles, sont formés aux problématiques de violences sexuelles et sexistes. Si la victime a la possibilité de se signaler auprès d’eux, il faut qu’elle le fasse.
     
  • Enfin, les voisins doivent être attentifs. Si une femme est en danger, elle ne doit pas hésiter à se faire entendre : taper sur les murs, sur les sols, faire du bruit. Les voisins doivent prévenir immédiatement les forces de l’ordre
 
 

Covid-19 : il faut trouver de nouvelles façons de travailler


Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, promet de poursuivre l’accueil de nouvelles femmes, "dans le respect des mesures barrières" au Covid-19. Les services du 115 mettent actuellement en place un dispositif pour réunir les femmes qui présenteraient des symptômes pour faciliter l’intervention des soignants.

Isabelle Galmiche, chargée de mission départementale à la Déléguation aux droits des femmes et à l'égalité, assure que les équipes du 115 sont formées aux risques sanitaires. "Le 115 est le dispositif le plus formé pour faire de l'urgence. Ils suivent déjà des procédures en cas de grippe pour éviter que les femmes se contaminent."

Si le confinement se poursuit, "il va falloir inventer de nouvelles façons de travailler pour répondre aux urgences" selon la DDFESolidarité Femmes 21 craint un manque de moyens, simplement mis en exergue aujourd'hui par l'épidémie de Covid-19. "Mais le manque était déjà là avant." 


 
Un protocole d'éviction du conjoint auteur de violences
En Côte-d’Or, sous l’égide du Préfet, un protocole départemental de prévention et de lutte contre les violences conjugales a été signé le 8 mars 2019. Ce protocole réunit 26 partenaires autour de cette problématique et permet de renforcer la coordination des différentes réponses apportées aux violences conjugales. 

Le protocole intervient sur trois grands pôles :
  • le pôle des acteurs de droit commun (social, logement, médecine, emploi, enfance)
  • Le pôle Justice-Police (accompagnement et aide à la victime dans le cadre d’une procédure judiciaire, suivi des auteurs
  • Le pôle associatif (accompagnement spécifique de la personne) 
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